Au boudoir du Millers

Comme annoncé dans le dernier article, ce mois-ci je vais vous présenter les photos que nous avons faites avec le photographe Jean-Claude Péclet dans le merveilleux cadre du théâtre The Millers à Zürich. J’ai eu l’occasion de m’y produire cet hiver et ce printemps, et je suis tombée amoureuse de ce lieu. L’atmosphère feutrée met les artistes tout comme les spectateur·ice·s à l’aise : on s’y sent bien à siroter un cocktail dans des fauteuils qui ne vous laissent plus partir (ou serait-ce le 12ème cocktail qui vous retient ?) et on ne se lasse pas d’observer les innombrables petites babioles disséminées dans tous les recoins. Le charme et la magie de ce lieu m’ont immédiatement inspiré un décor photographique, j’imaginais bien une ambiance de boudoir ou de maison close.

Si l’ambiance et l’esthétique du lieu sont clairement rétro, les différentes époques s’y côtoient, et ce sans la moindre gêne. Je me suis dit que ce serait l’occasion de porter une ou deux tenues de dessous historiques que je me suis confectionnées ces dernières années. Si j’ai mis du soin à confectionner ces corsets et dessous en m’approchant le plus possible des coupes et des techniques de construction de l’époque, j’ai toujours plus de peine à me conformer aux différentes modes du 19ème siècle en ce qui concerne le maquillage et les coiffures. Ce merveilleux mélange des époques du Millers m’a donc permis de me détendre un peu quant à la justesse historique. Ainsi, pas besoin de nous casser la tête pour être exacte d’un point de vue chronologique, Jean-Claude et moi nous sommes mis d’accord sur le fait que ce qui comptait serait l’atmosphère et le rendu global.

Comme première tenue, j’avais envie de porter ma combinaison Edwardienne en dentelle. Ce sous-vêtement, qui se portait comme toute première couche, c’est-à-dire juste en dessous du corset, était très tendance autour des années 1900. J’ai créé cette reproduction historique en appliquant une méthode de patronage de l’époque. Pour la construction, j’ai utilisé la technique d’insertion de dentelle dans un voile de coton blanc. J’y ai cousu un total de… 25 mètres de bandes de dentelles ! L’article de mai 2022 en disait plus sur les détails de cette aventure, si vous l’aviez manqué.

Ensuite, j’ai revêtu mon corset Pretty Housemaid des années 1890. C’est un modèle légèrement plus ancien que la combinaison. On pourrait imaginer que ce n’est pas si anachronique que ça, étant donné qu’il était courant de porter un même vêtement de longues années durant. Selon les classes sociales et les âges, on portait parfois la mode de 10, voir 20 années en arrière. D’autant plus que le Pretty Housemaid était un corset produit à moindre coût et en grande quantité, afin de le rendre justement accessible aux femmes des classes sociales ayant peu de moyens financiers (d’où son nom, je racontais son histoire dans cet article).

Ce qui en revanche est moins plausible, c’est que la combinaison aurait plutôt été un modèle porté par une femme riche, vu la quantité de dentelle insérée et le temps de travail que cela implique. Donc je ne sais pas s’il est réaliste d’imaginer que quelqu’un aurait porté ces deux pièces de vêtements ensemble à l’époque. Probablement que si une personne pouvait se payer une telle combinaison, elle aurait plutôt porté un corset en satin de soie par dessus au lieu de ce « corset de pauvre ». Mais comme je le disais plus haut : le but de ces photos n’était pas l’exactitude historique !

Le mois prochain, je vous montrerai la dernière partie de cette séance photo, et surtout je vous dévoilerai mon nouveau corset de 1870 et les étapes du processus de sa fabrication. Ce fut un projet passionnant, sur lequel j’ai travaillé cette dernière année et qui m’a permis d’apprendre énormément de choses.

À dans un mois, et pensez à vous abonner à mon blog pour ne pas rater la suite ! Il suffit d’inscrire votre adresse e-mail en bas de cette page.

Remerciements

Un immense merci à Jean-Claude Péclet, pour le voyage spatio-temporel à Zürich et les magnifiques photos.

Und ein herzliches Dankeschön an Andrea Fischer Schulthess, die künstlerische Theaterleiterin, die es uns ermöglicht hat, an diesem wundervollen Ort zu shooten.

2 Replies to “Au boudoir du Millers”

  1. Bonjour,
    J’avais lu il y a quelques temps votre article sur « ces poils sous les aisselles des femmes ». Cette pilosité naturelle que vous avez conservée ajoute une touche de fraîcheur et d’originalité tout à fait plaisante 🙂 Bravo pour ces très belles photos !

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