Étant passionnée par tous les types d’arts et de créations du début du 20ème siècle, j’ai l’énorme chance de collaborer avec le photographe Emmanuel Hungrecker, qui pratique la photographie sur plaques, comme à l’époque.

À l’époque, prendre une photo, c’était étaler une émulsion photographique sur une plaque en verre, prendre une photo avec un temps de pose de plusieurs secondes, puis directement après l’exposition, développer la plaque à travers différents bains chimiques. Enfin, regarder le résultat et si besoin, refaire une photo en adaptant l’éclairage et le temps d’exposition. Car qui réussit une photo du premier coup?

J’ai eu le plaisir de vivre cette expérience (au 21ème siècle!) lors de shootings avec Emmanuel. Le processus est très lent, car la préparation d’une plaque et son développement prennent du temps. Le photographe doit aussi lui-même préparer ses produits chimiques au préalable, c’est donc une démarche très expérimentale, et captivante! Voici un petit compte-rendu étape par étape.
Tout d’abord, il faut préparer la plaque en étalant du collodion et un mélange de sels et de nitrate d’argent. Dans la chambre noir bien évidemment. À l’époque on utilisait des plaques en verre. Mais ce support est délicat à travailler, et fragile à stocker ensuite. Emmanuel travaille avec des plaques en plexiglas, qui conviennent très bien aussi. On enclenche le chronomètre pour trois minutes, afin que l’émulsion prenne bien. On place la plaque dans un boîtier noir pour la protéger de la lumière, puis on va glisser ce support dans la caméra. Il est temps de poser. Un trépied est posé derrière moi, il me sert de repère afin de rester dans la zone nette. Je ne dois donc pas bouger et garder un contact avec le support derrière moi.

Avec un éclairage d’intérieur, les poses sont longues et peuvent aller jusqu’à une dizaine de secondes. Ceci donne un aspect chaud et plus vivant à la photo, mais a l’inconvénient qu’il est difficile de poser sans bouger, et donc bien souvent la personne est floue. Comme sur la photo suivante, par exemple. Tout n’était pas encore au point, mais j’aime bien le côté mystérieux et unique du cliché.

Heureusement, Emmanuel s’aide maintenant de flash (vive la modernité!*) et grâce à ça, l’exposition est plus courte et un flash vient « aider » en permettant de raccourcir le temps de pose.
Il faut ensuite développer la plaque, directement après la prise. Le principe est similaire à celui de la photographie argentique « moderne ». On trempe la photo dans un bain de révélateur, qui fait apparaître l’image en réduisant les ions d’argent selon s’ils ont eu de la lumière ou non, puis dans un bain de fixateur, qui permet aux « couleurs » de se fixer.

Il faut généralement faire des ajustements avant d’obtenir un bon résultat, comme on peut le voir sur les photos suivantes…


Et après une soirée de shooting, on arrive généralement à un total de cinq ou six plaques, dont une ou deux réussies! Un travail fastidieux… mais passionnant!

Le photographe Gerry Oulevay, aussi connu sous le nom de Magnesium Photographer, est lui aussi passionné par les caméras anciennes. Afin de passer outre les inconvénients logistiques du développement, il bricole ses appareils hybrides en utilisant les technologies numériques sur des appareilles et lentilles d’époque. La photo suivante a été prise numériquement, mais à travers un objectif de 1900.

Je vais conclure avec un immense merci aux photographes qui immortalisent ces instants avec leurs techniques variées, leur art et leur touche personnelle. J’adore ces moments, alors n’hésitez pas à me contacter si vous êtes photographe et avez un joli projet à me proposer!
LW
*À l’époque, pour créer des flash de lumière intense, les photographes utilisaient de la poudre de magnésium qu’ils faisaient brûler. Malheureusement, en plus du fait que la synchronisation était difficile, ce procédé était dangereux car le magnésium est très inflammable.
Merci beaucoup Jacky !
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magnifique récit, intéressant, touchant… merci xxxx
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